Commémoration du 5 décembre : Une date mais pas d'emplacement à ANNEMASSE
Le 5
décembre, la France entière se recueillera désormais dans le souvenir de ceux qui, de 1952 à 1962, ont versé leur sang en Afrique du Nord, pour que les valeurs de Liberté, d'Égalité, et de
Fraternité demeurent dans ces pays, notamment sur cette terre d'Algérie si attachante, et qui a tant souffert depuis.
Cet article a pour but de rappeler un peu d'Histoire
sur le choix de la date, et de faire une proposition pour la Ville d'Annemasse
Entre 1952 et 1964, le gouvernement de la République a envoyé en Algérie, au Maroc et en Tunisie plus de 2,5 millions de jeunes français du contingent et de l'armée d'active.
24 000 d'entre eux ont été tués et plus de 250 000 en sont revenus gravement mutilés ou blessés à jamais dans leur âme.
Les accords d'Evian, signés le 18 mars 1962 et promulgués le 19, prévoyaient pour cette date un cessez-le-feu bilatéral, la liberté de circulation pour tous les Algériens ayant servi dans l'armée française, la protection des personnes et des biens, et le respect des droits de l'homme.
Si l'armée française a bien respecté le cessez-le-feu de façon unilatérale, il n'en a pas été de même pour le FLN qui n'en a pas tenu compte, avec les suites dramatiques que l'on connaît :
- des centaines de militaires français tués ou disparus ;
- des milliers de civils musulmans ou européens enlevés, mutilés ou tués ;
- des dizaines de milliers de harkis, tirailleurs, SAS ou territoriaux, etc., souvent avec femmes, enfants,
vieillards ont été torturés, mutilés, égorgés par les tueurs du FLN dans des conditions que la conscience humaine ne peut imaginer.
Les historiens et observateurs les plus avertis avancent le chiffre de 130 à 160 000 victimes, et il est malheureusement à craindre que cela constitue un minimum.
Leur seul crime était de vouloir rester français, comme des centaines de milliers de leurs compatriotes.
Pour la première fois, il y eut plus de morts pendant les six mois qui ont suivi le cessez-le-feu que pendant les huit années de ce qui a longtemps été injustement appelé « les événements d'Algérie » ou « la guerre sans nom ».
Le 16 octobre 1974, le corps d'un soldat inconnu d'Algérie était rapatrié en France et enterré à la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette.
Depuis cette date, l'ensemble des anciens combattants d'Afrique du Nord, sauf deux associations, rend hommage à la mémoire des morts civils et militaires en Algérie, au Maroc et en Tunisie, refusant la date du pseudo cessez-le-feu du 19 mars, date qui divise et qui, par ailleurs, est commémorée comme fête de la victoire en Algérie.
Mais il fallait reconnaître le sacrifice des dizaines de milliers de jeunes soldats et supplétifs de l'armée française.
Cela fut fait par le Parlement après un débat de haute tenue à l'issue duquel les parlementaires, debout ont voté la loi n° 99-882 du 18 octobre 1999 reconnaissant l'état de guerre en Algérie,
rendant ainsi l'honneur et la dignité aux anciens combattants d'AFN.
Pour autant, le monde combattant restait divisé quant à une date qui aurait pu le réunir pour rendre l'hommage dû à la mémoire de ses camarades tués en AFN.
Mais le devoir de mémoire progressait.
C'est ainsi que le Mémorial national, érigé quai Branly à Paris, en mémoire des morts pour la France
pendant la guerre d'Algérie et les combats de Tunisie et du Maroc, a été inauguré le 5 décembre 2002 par une cérémonie solennelle en présence de toutes les fédérations et associations d'anciens combattants en Afrique du Nord, réunis dans un consensus
national qui n'a jamais été constaté jusqu'à cette date.
Le secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, soucieux de définir une date officielle, a réuni une commission nationale composée des
représentants qualifiés des neuf plus grandes fédérations nationales d'anciens combattants d'AFN, commission qui s'est prononcée, à l'issue de sa réunion du 22 janvier 2003, pour la date du 5 décembre, ce qui constitue un fait
nouveau.
Cette date consensuelle offre l'avantage de sortir de la dualité des dates du 16 octobre et du 19 mars, cette
dernière divisant le monde combattant et les Français comme l'a prouvé le débat à l'Assemblée nationale de janvier 2002.
Il est donc urgent, sauf à diviser encore plus les Français, que le Gouvernement prenne toutes dispositions qui s'imposent pour officialiser cette date consensuelle du 5 décembre qui serait la seule date commémorée en présence des pouvoirs publics - préfets et armée - étant entendu que le 16 octobre et le 19 mars garderaient pour ceux qui le souhaitent, leur vocation associative.
La loi reconnaissant l'état de guerre en Algérie lui confère une légitimité
incontestable et il doit en être de même pour la reconnaissance d'une Journée officielle du souvenir et du recueillement en hommage à la mémoire des morts civils et militaires en Algérie, au
Maroc et en Tunisie, qui ne peut être que le 5 décembre, proposée par la commission Favier, la
seule qui a réuni dans un consensus national toutes les fédérations d'anciens combattants sans exception.
Alors qu'une commission d'aménagement doit se tenir la semaine prochaine pour trouver un nom au square se trouvant entre la route des vallées et la rue des glières, ne serait-il pas judicieux de dénommer ce square "square des anciens d'AFN" ou mieux de débaptiser cette rue Henri Barbusse et de la renommer en rendant hommage à ces anciens. cela vaudrait beaucoup mieux que de perpétuer la mémoire de ce collabo stalinien grand adorateur de la chose soviétique mort en URSS.
Le devoir de mémoire est une nécessité pour transmettre aux jeunes générations les valeurs de civisme et de citoyenneté qui ont fait de la France un pays de liberté et de
démocratie.