Y a t-il un prof de math pour aider le Maire d'Annemasse à comptabiliser les délinquants ?
Le Maire d'Annemasse qui n'a de cesse de vanter en permanence le très bas taux de délinquance qui s'établit sur notre Ville a montré les limites de son discours en employant un double langage sur la sécurité, sujet pourtant sur lequel nous devrions tous avoir une approche sérieuse.
En effet, lors de l'Affaire de l'UDC, Monsieur le Maire s'exprimait ainsi : "il n'y aurait, qu'une dizaine d'individus posant problème" et de rajouter que l'insécurité ne serait bien sûr qu'un sentiment, ne frappant d'ailleurs pas les habitants de l'agglomération annemassienne.
Ce qui est curieux c'est que ses récents propos ne sont alors pas du tout les mêmes que ceux prononçés avec emphase au mois d'avril 2009 lors du forum public "autour des libertés et de la sécurité des citoyens institué par Michèle Alliot-Marie, alors Ministre de l'Intérieur, puisque Christian Dupessey, Maire d'Annemasse déclarait : "Nous sommes confrontés en permanence aux problèmes de sécurité, la population est en demande". (voir Dauphiné Libéré du 21 avril 2009)
Nous étions ce jour-là manifestement en présence de ce que l'on pourrait appeler un sursaut de réalité de la part du Maire sur ce qui est bien une des principales préoccupations des Annemassiens confrontés en permanence aux problèmes de sécurité, et qui en sont par conséquent demandeurs.
Quel curieux revirement dans ses déclarations en quelques mois ?
Mais, ne soyons pas surpris car notre Maire possède un réel talent pour faire des déclarations qui quelques semaines se trouvent contredites par l'intéressé lui-même.
Vous voulez des exemples, rien de plus simple :
Rappelez-vous l'épisode des impôts qui ne devaient pas augmenter, et bien premier budget sous l'ère Dupessey, hausse des impôts locaux,
Rappelez-vous les promesses de travaux de démarrage de la clinique du Brouaz, toujours rien aujourd'hui.
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Derrière la polémique créee de toute pièce, suite aux propos de l'UDC lors de leur récente campagne électorale, le Maire d'Annemasse qui aurait davantage dû jouer l'apaisement a profité de cette occasion pour non seulement rappeler son attachement au futur moyen de transport mais aussi indirectement à son projet Chablais-Gare dont l'avenir est directement lié au premier.
En effet, en tant qu'ardent défenseur du CEVA, moyen de locomotion qui devrait selon lui relancer tout seul l'activité du centre-ville d'Annemasse et plus précisement un certain quartier Chablais Gare, dont la rénovation est aujourd'hui bloquée conséquence directe d'un manque de concertation entre la Municipalité et les habitants de ce quartier, le Maire a saisi la balle au bond lors de l'évocation faîte par les propos de l'UDC sur le nouveau moyen de transport.
Avec cette ultra médiatisation, le Maire a réussi un énorme coup de publicité visant au fond les futures votations suisses de novembre au cours desquelles un vote se déroulera sur le projet CEVA.
Le MCG aujourd'hui mène une campagne contre les frontaliers mais pour le moment je n'ai pas entendu Monsieur le Maire, étonnant non !!!
Ce qui est encore plus dommage, voir navrant, c'est comment il est possible sur des questions aussi essentielles que celles liées à la sécurité des citoyens, de pratiquer un double langage.
Car il est notoire depuis fort longtemps qu'il existe une réalité, celle de la délinquance qui perdure dans notre région frontalière et dans notre Ville.
Déjà en 1999, Pierre Hérisson, Sénateur de Haute-Savoie, interpellait le Ministre de l’Intérieur de l'époque, un certain Jean-Pierre Chevènement, au nom de plusieurs maires et d'élus de communes frontalières avec la Suisse car ces derniers se plaignaient de l'évolution préoccupante d’une délinquance de plus en plus violente et qui touchait des mineurs de plus en plus jeunes. (Retrouvez en intégralité son intervention en cliquant sur le lien suivant Question au Sénat sur la délinquance).
Comme vous avez pu le lire, le Ministre de l'Intérieur en manque d'arguments déclare pour finir : « Je fais en sorte que l’État républicain puisse assurer à tous nos concitoyens, y compris... dans la circonscription d’Annemasse, le droit à la sécurité qui leur appartient. »
De même sur un document municipal annemassien datant de 2003 relatif au développement durable visible ici, il est encore plus étonnant de lire "les quelques problèmes sociaux d'Annemasse ainsi décrit lire page 57.
"La population d'Annemasse se caractérise ainsi, selon ce document :
- population jeune (25% des Annemassiens ont moins de 20 ans ; 57% ont moins de 40 ans)
- forte part de la population est étrangère (14%) et part importante de la population est d'origine étrangère (21%)
- un tiers des enfants scolarisés en ZEP ne parle pas français dans sa famille
- taux de chômage important et en progression (15%) frappant, à n'en pas douter, plus particulièrement la population immigrée/d'origine immigrée
- la seule ZUS Le Perrier concentre près de 30% de la population annemassienne avec un niveau de ressources moyen 2.5 fois inférieur à la moyenne de l'ensemble de la population"
Les enjeux, toujours selon le document municipal cité en référence sont "de favoriser une recherche collective de tranquilité publique" soit en d'autres termes une recherche collective de sécurité.
Plus loin en parcourant le document, il nous est indiqué en page 59 que "les principaux objectifs des actions développées au niveau de la commune sont : la mobilisation des différents acteurs du système du système scolaire .... afin de mieux comprendre et résoudre la violence ou encore les problèmes de délinquance".
Or, en 2009 lors du Conseil Muncipal du 29 avril, le programme 2009-2012 de l'Agenda 21 nous est présenté avec une reprise du programme 2005-2008.
Il est très exactement stipulé en page 14/99 du docuement "Le travail réalisé a abouti à un diagnostic partagé.... et au paragraphe 2.1.6 relatif au "Lien social et tranquilité publique", la sentence tombe : "Sentiment d'insécurité dont le niveau est similaire à la moyenne nationale".
D'ailleurs la conclusion de ce paragraphe est sans discussion : "la reconquête d'une plus grande tranquilité publique suppose que des actions soient poursuivies ou intensifiées à différents niveaux : préventif, dissuasif et répréhensif"
Etonnant alors, le déploiement (médiateurs,...) pour seulement une dizaine d'individus perturbateurs et de se fixer alors comme objectif "l'accroissement du sentiment de sécurité des Annemassiens."
C'est donc bien qu'à Annemasse, les habitants ne se sentent pas en sécurité.
L'UDC aurait-elle mis le doigt là où il ne fallait pas ?
Monsieur le Maire vous êtiez déjà un acteur de la vie politique dans les précédentes municipalités, quels sont vos résultats en matière de sécurité publique.
J'ai bien peur qu'ils n'aient pas été très productifs puisque pour parler de sécurité vous avez aujourd'hui un double language selon la situation et, force est de constater que la politique de vos amis en la matière n'a que peu porté ses fruits.
La jeune Commissaire de Police d'Annemasse par intérim, Judith Gäbel déclarait il y a quelques jours : "la délinquance dans la circonscription est liée au trafic de drogues.
Elle envisage, de continuer « à agir au niveau judiciaire ainsi qu'avec des contrôles, des interpellations comme cela s'est fait jusqu'à présent. »
Ainsi, j'apprends ce jour par la voie du Messager que : " Les policiers annemassiens viennent d'interpeller un individu au parcours plus que chargé."
Détail de l'information : "Récemment sorti de prison, un jeune Annemasien âgé de 22 ans a été interpellé par les policiers après s'être distingué pour des vols (avec ou sans violence) commis ces derniers jours dans l'agglomération : vol d'un fonds de caisse dans un commerce, vol à l'arraché ayant causé la blessure d'une veille dame et vol à l'arraché, toujours sur une personne âgée.
Trois faits pour lesquels le tribunal correctionnel de Thonon n'a pas transigé en le condamnant en comparution immédiate aujourd'hui lundi 2 novembre à quatre années de prison ferme. "
Alors Monsieur le Maire, pensez-vous que pour cette vieille Dame et pour l'autre personne âgée. la notion de sécurité à Annemasse doit toujours être considérée comme un "sentiment" ?
Michèle Alliot-Marie
"L'histoire nous enseigne qu'une civilisation, pour garder la maîtrise de son destin, doit se donner les moyens de sa sécurité."
Jacques CHIRAC