Présidentielle : Allez ! Dès aujourd'hui, on s'6 mai tous pour que Nicolas SARKOZY soit réélu le 06 mai prochain !
DISCOURS DE NICOLAS SARKOZY
Saint-Cyr-sur-Loire,
lundi 23 avril 2012
Mes chers amis,
une campagne est achevée,
une autre campagne commence.
La campagne du premier tour, nous l’avons faite à un contre neuf. La campagne du premier tour, nous l’avons faite contre un système médiatique absolument déchaîné.
La campagne du premier tour, nous l’avons faite contre les pronostiqueurs, contre les observateurs et contre tous ceux qui auraient tellement aimé décider à votre place. Merci pour la réponse que vous leur avez adressée en direct !
La campagne du premier tour, nous l’avons faite contre la caricature, contre le mensonge, aucun président n’avait jamais subi un tel matraquage. De fait, ils n’ont reculé devant rien, ils n’ont hésité devant aucun mauvais coup, devant aucune manipulation. On nous a dit équité, il n’y avait pas d’équité. Où était l’équité à un contre neuf avec 10 % du temps de parole ? En plus, on aurait voulu qu’on dise merci et qu’on s’excuse d’avoir nos idées, nos valeurs et vous, votre candidat !
On nous a dit égalité, mais où est l’égalité quand il n’y a pas d’impartialité ? Parfois, je regardais d’autres candidats, invités dans les mêmes émissions, je me demandais étaient-ce les mêmes émissions, étaient-ce les mêmes personnes qui interviewaient ? Je veux dire qu’ils étaient tellement plus aimables avec moi ! Et que personne ne le prenne en mauvaise part, je le dis avec le sourire, mais je le dis quand même, quand ce manque d’impartialité est le plus grand sur les chaînes financées par l’argent du contribuable, je voudrais rappeler qu’il y a des contribuables qui ne sont pas de gauche, qui ne sont pas d’extrême gauche et qui ont le droit d’être respectés dans leurs idées, dans leurs valeurs et pour leur candidat.
Malgré tout, malgré la mauvaise foi, malgré les mensonges, malgré les coups tordus, nous n’avons pas été balayés, comme on nous l’avait promis, nous avons tenu à la surprise générale. Mieux que ça, ils disaient que la campagne n’intéressait pas, ils l’avaient décidé et ils prédisaient que les Français n’iraient pas voter. Les Français sont allés voter à plus de 80 %, c’est sans doute qu’il y a un civisme chez les Français qu’il n’y a pas chez les observateurs des Français.
Ils disaient les deux dernières semaines, avec un festival la dernière semaine et même encore, il faut bien le dire, entre 20h00 et 21h30, que nous allions nous effondrer. L’effondrement n’a pas eu lieu.
Maintenant, ils disent que je suis le premier président qui n’est pas en tête au premier tour. Ils oublient de rappeler que le dernier président sortant après cinq ans de cohabitation était, certes, arrivé en tête au premier tour avec moins de 20 % des voix. Les Français m’en ont accordé plus de 27 %. Merci ! Merci !
Alors, quand on voit le sort qu’on nous promettait, quand on voit ce qui s’est passé dans toutes les démocraties touchées par la crise, le résultat d’hier montre que les Français ont mesuré l’enjeu historique de cette élection. Le résultat d’hier montre que le second tour, nous pouvons, vous pouvez le regarder avec une grande confiance. Ils se sont trompés au premier, ils vont se tromper encore massivement pour le second ! Ah oui, parce qu’il faut que je vous dise quelque chose, ce n’est pas eux qui décident, ce sont les Français qui vont décider !
Cette campagne qui commence, c’est vous qui allez la mener, c’est vous qui allez la conduire et c’est vous qui allez décider !
C’est donc une nouvelle histoire qui va s’écrire dans les deux semaines qui viennent. Elle va s’écrire à partir de ce que les Français ont exprimé lors de ce premier tour. Je veux parler avec gravité aux Français qui ont exprimé leur malaise, qui vivent en silence les difficultés de leur vie quotidienne. Au fond, je veux m’adresser aux Français qui n’en peuvent plus. Je veux leur dire que je les respecte, car, moi, je ne me permettrai pas de juger un Français dont je ne vis pas les souffrances. Quand on souffre, on a le droit de faire le choix que l’on veut. Je n’ai pas à juger ce choix, je n’ai pas à donner de leçon de morale à ceux qui ont fait ce choix. Je n’accepte pas que ceux qui habitent dans des quartiers où il n’y a aucune souffrance et qui mettent les enfants, leurs enfants dans des écoles qui ne sont pas des écoles ghettos donnent des leçons de morale à ceux de nos compatriotes qui vivent dans des quartiers où la vie est impossible et qui mettent leurs enfants dans des écoles où la vie est si difficile !
J’ai vu qu’on leur faisait le reproche d’avoir voté pour les extrêmes et notamment en faveur de la candidate du Front national. Moi, je ne leur reproche pas. Quel que soit le choix que vous avez fait, mes chers compatriotes, vous l’avez fait pour des candidats qui avaient le droit de se présenter. Il n’y a pas un choix qui est plus noble que d’autres. Nous devons respecter le choix de tous les Français, y compris de ceux qui n’ont pas voté pour moi, c’était leur droit, je les respecte. Président de la République, je me sens le président de ceux qui ont voté pour moi et de ceux qui n’ont pas voté pour moi, c’est ça un président de la République !
J’ai vu que monsieur HOLLANDE parlait « au peuple de gauche », c’est une différence entre nous, je parle « au peuple de France », pas à un contre l’autre. J’ai vu que, dès hier soir, il reprochait leur vote à ceux qui ont émis ce vote pour le Front national. Mais il y a des Français qui pensent que les choses ne peuvent pas continuer. Et de ces quatre années de crise terriblement dangereuse où tout a failli s’écrouler, je tire la même leçon qu’eux : Nous ne pouvons plus continuer ainsi. Nul ne peut imaginer ce qu’il nous a fallu d’efforts pour empêcher la catastrophe, ce qu’il nous a fallu d’efforts pour que l’économie mondiale ne s’effondre pas, ce qu’il nous a fallu d’efforts pour que l’Europe et l’euro n’implosent pas, ce qu’il nous a fallu d’efforts pour que la France, à la différence de la Grèce, de l’Irlande, de l’Espagne, du Portugal ou de l’Islande, ne soit pas emportée dans la tourmente. Ce qu’il nous a fallu d’efforts pour que les Français ne perdent pas leur épargne, si nous n’avions pas soutenu les banques, c’est votre épargne qui aurait disparu, qui serait partie en fumée. A ceux qui m’ont reproché à l’époque d’engager un plan de soutien pour les banques, je ne l’ai pas fait pour les banques, encore moins pour les banquiers. Je l’ai fait en pensant à tous ces épargnants qui ont travaillé dur et que je ne voulais pas qu’ils fassent la queue, un jour, au guichet d’une banque parce qu’ils n’avaient plus confiance, parce que la ruine de leur banque, c’était la perte de votre épargne !
Aucun parmi vous n’a perdu son épargne !
Vous n’imaginez pas ce qu’il a fallu d’efforts pour que le pouvoir d’achat ne s’effondre pas. Les bourses des étudiants n’ont pas été diminuées, à la différence de ce qui s’est passé en Grande-Bretagne. Les pensions de retraite n’ont pas été diminuées, à la différence de ce qui s’est passé en Espagne, au Portugal, en Grèce, en Italie. Les allocations chômage n’ont pas été diminuées, à la différence de ce qui s’est passé en Irlande. Vous n’imaginez pas ce qu’il a fallu d’efforts pour contenir la hausse du chômage, qui, chez tant de nos voisins, a emporté toutes les digues, 220 % d’augmentation du chômage chez nos amis Espagnols après sept années de gouvernement socialiste ! Le seul chef de gouvernement qui a reçu monsieur HOLLANDE, le seul chef de gouvernement dont monsieur HOLLANDE se revendiquait, c’est monsieur ZAPATERO, pense-t-il la même chose aujourd’hui quand on voit la situation très difficile dans laquelle se trouvent nos voisins Espagnols ? Est-ce le sort qui nous est promis ? Est-ce l’exemple que nous devons suivre ?
Dimanche, les Français ont dit qu’après ces quatre années de crise qui ont rendu la vie plus difficile pour beaucoup d’entre eux, ils voulaient reprendre leur destin en main.
Dimanche, il y a des Français, beaucoup de Français qui ont dit : Nous ne supportons plus les spéculateurs, nous ne supportons plus les bureaucrates, nous ne supportons plus les corps intermédiaires qui veulent tout le temps décider à notre place. Mon devoir de président et de candidat, c’est d’écouter ce que disent les Français, pas de nier ce qu’ils ont dit, d’écouter les Français qui ont voté pour moi, mais d’écouter aussi les Français qui ont porté leurs suffrages sur d’autres candidats que moi.
C’est cela la politique, c’est cela la campagne électorale !
Au fond, moi, je vois ce vote comme un cri de souffrance, comme l’expression d’une révolte, parfois même d’une colère. Je n’accepte pas qu’on caricature cette colère, cette souffrance et cette révolte. Elle est respectable parce qu’elle est sans calcul, de la part d’électeurs qui se disent – peut-être à tort, mais ils se le disent ainsi ! – finalement, pour nous faire entendre, nous n’avons que ce choix et que ce vote. Je veux leur dire que nous les avons entendus et que notre façon de les respecter sera de leur répondre par des engagements précis.
Je m’étonne qu’au lieu de leur donner des leçons de morale à ces Français, ils ne comprennent pas, les autres membres de la classe politique et les autres candidats, que le message qu’ils ont adressé, ces Français, ils ne l’ont pas adressé simplement à moi, ils l’ont adressé à toute la classe politique. C’est la classe politique tout entière qui doit l’entendre. Je vais même vous dire, en employant une expression forte, ce message, c’est un fait majeur dont nous devons mesurer la portée. Je vois bien que du côté de la gauche, on se bouche le nez, on regarde ces Français avec commisération, on ne comprend pas ce vote, on veut le nier, on voudrait même m’interdire de parler à ces Français ! Moi, je dis non, il faut considérer cette expression comme un fait majeur, ne pas considérer que c’est une anecdote.
D’autant plus que, de mon point de vue, ce sont tous les dirigeants politiques et pas simplement les Français, tous les dirigeants du continent européen et même du monde qui doivent entendre la montée partout dans le monde de ce que j’appellerai « un vote de crise ». Je n’aime pas le mot « populiste », méprisant, comme si, d’un côté, il y a les élites qui savent et, de l’autre, il y a le peuple qui forcément ne sait pas. Bien sûr, c’est un vote protestataire au sens de protestation, c’est un vote de crise. Si nous ne changeons rien, si nous ne nous mettons pas d’accord sur de nouvelles règles, nous risquons de refaire le chemin tragique des années 30, parce que les peuples ne supporteront plus les souffrances que leur infligent les désordres du monde. Voilà les conséquences et les conclusions que je tire du vote du premier tour des Français.
Je ne le prends pas à la légère ce vote, je ne le prends pas de loin. Dimanche, les Français se sont exprimés sur le fond. Qu’est-ce qu’ils nous ont dit ? Qu’ils ne veulent plus du monde, ils ne veulent plus du monde tel qu’il se construit depuis trente ans. C’est clair, c’est lumineux. Ils ne refusent pas le monde, les Français, ils ne veulent plus du monde qui se construit depuis trente ans. C’est-à-dire qu’ils ne veulent plus d’une mondialisation sans règles. Les Français nous ont dit une chose très importante : Nous ne voulons plus être à la merci de ceux qui ne respectent rien, qui ne respectent aucun principe et aucune règle, ni en France, ni en Europe, ni dans le monde. Ils l’ont dit, nous devons en tenir compte ! Je prends ma part !
Ils nous ont dit qu’ils ne veulent plus de frontières qui laissent tout passer et d’une Europe passoire, ils n’en veulent plus, y compris les plus Européens parmi nous ! Ils ne veulent plus, les Français qui se sont exprimés dimanche à 80 % – je le rappelle aux observateurs – qu’on les dépossède de leur mode de vie. Au fond, le message crucial, on est d’accord, disent les Français, pour nous adapter au monde nouveau, mais nous voulons qu’on respecte notre mode de vie, car nous ne voulons pas changer notre mode de vie ! C’est le message que j’ai entendu ! C’est le message que je vais porter au deuxième tour de la campagne présidentielle et c’est cette politique que je mettrai en œuvre grâce à vous et avec votre confiance !
Ils nous ont dit – c’est trop facile de dire je suis Européen, je n’écoute pas cela ! – ils nous ont dit nous ne voulons plus d’une Europe qui ne nous protège pas et qui en même temps nous accable de règlements et de normes dont on ne sait que faire. Protégez-nous davantage et laissez-nous tranquilles davantage, voilà ce qu’ils nous ont dit, les Français ! Ça n’enlève rien, Maurice, Philippe, Hervé, Claude, à l’attachement que nous devons avoir à l’Europe ! Mais ils nous ont dit on en a assez, nous croyons dans l’Europe autant que vous, ne nous faites pas la leçon, mais nous voulons d’une Europe qui nous protège et non pas qui nous accable, matin, midi et soir, de normes et de règles dont on ne comprend même pas la signification !
Par-dessus tout, je pense, ils nous ont dit on ne supporte plus qu’on parle à notre place. On ne supporte plus qu’on décide à notre place. Mais regardez la claque qu’ils ont envoyée à tout le monde ! Alors qu’on leur rebattait les oreilles sur cette campagne qui n’intéressait personne, ils ont choisi, les Français, librement, parce que c’est le choix de la liberté d’aller voter en masse, stupéfiant tous les observateurs qui, à force d’observer, ne voient plus rien ! Au fond, ils nous ont dit : Rendez-nous la maîtrise de nos vies. Ce qui signifie : Permettez-nous de vivre de notre travail. Voilà la première revendication des Français.
Alors, j’ai pris ma part de ce message, je ne suis pas quelqu’un qui ne regarde pas les choses à fond, j’écoute parce qu’une élection n’est anecdotique. Quand les Français décident de voter, c’est qu’ils ont un message bien précis à nous adresser. Ce message, non seulement j’ai l’intention de l’entendre, mais d’en tenir compte. Je sais que tout ce que nous avons fait n’a pas épargné toutes les souffrances. Mais combien ces souffrances auraient été grandes si tout ce que nous avons accompli ne l’avait pas été ? Je vous demande d’y réfléchir. Après tant d’énergie mise dans le présent, je veux mettre la même énergie dans l’avenir. Il y a encore beaucoup à faire – je le sais – pour que la vie quotidienne change, et ce n’est pas le moindre des défis de cette campagne, parler à la fois de votre vie quotidienne et fixer en même temps une perspective. Je dois penser à la perspective, au long terme, à l’objectif, à la direction, on dirait même à la vision de la France dans l’Europe et de la France dans le monde. Mais je dois aussi veiller à ne pas être déconnecté de la vie quotidienne. Mon rôle, c’est de parler des deux, de l’infiniment petit et de l’infiniment grand, pas l’un sans l’autre, les deux !
Alors, je suis conscient que bien des ruptures sont nécessaires, Dieu qu’on m’a fait le procès d’avoir employé le mot rupture en 2007 ! Et pourtant, combien je sentais que le monde ancien était en train de mourir, que le monde nouveau n’arrivait pas à naître et qu’il fallait des ruptures ! C’est pour cela qu’après avoir posé la question de la moralisation de la finance dans le déni, le scepticisme le plus complet, je pense profondément que l’on ne peut pas confier le sort du monde au seul appât du gain et de la spéculation et pour tout dire, j’en ai plus qu’assez que quelques individus bafouent les idées qui sont les nôtres avec des comportements qui sont intolérables, inacceptables et profondément inappropriés, pour ne pas dire injustes, injustes !
Je crois à la réussite, je crois au talent, je crois au succès. Mais il y a des gens qui se comportent avec une arrogance et une absence de distance complètes par rapport aux règles qui sont les nôtres. Je veux poser la question des frontières dans la mondialisation, quand j’ai posé le mot frontière, ça a été un concert de protestations, mais enfin, de quoi parle-t-on ? Moi, je pense que dans un monde où il n’y a pas de frontières, c’est tous nos équilibres sociaux, culturels, économiques qui seront mis en danger, mais aussi votre vie quotidienne. Parce que la frontière sert à protéger et que si nous regardons le monde tel qu’il est du 21ème siècle les grands pays qui réussissent sont les pays qui ont cru à la nation et qui ont décidé de faire respecter cette identité nationale. Viendrait-il à l’idée des Chinois de ne pas défendre la Chine, des Brésiliens de ne pas défendre le Brésil ? Quant aux Etats-Unis d’Amérique, il suffit d’y aller et de voir sur une maison sur deux le drapeau américain pour comprendre que, ici, on aime son pays ! Nous aussi, nous le ferons !
Oui, les Français, comme tous les peuples du monde, les Français, comme tous les peuples du monde, ont besoin d’être protégés. Le mot protection n’est pas un gros mot, ce n’est pas un mot honteux. Si on a choisi de construire l’Europe avec nos voisins, c’est pour être plus forts, pas pour être plus faibles. Si on a choisi de s’engager dans les idées qui sont les nôtres, c’est parce que, ensemble, cette communauté nationale française, à nulle autre pareille, on s’est dit qu’à 65 millions de Français, on serait plus forts pour protéger nos familles que si chacun restait dans son coin à penser à son seul intérêt ! Parce qu’il y a quelque chose de plus grand que nous qui s’appelle notre patrie, qui s’appelle la France !
La question de la nation, la question des frontières, nation et frontière sont deux questions inséparables qui doivent être au cœur du débat public, au cœur de la politique. On a cru qu’on pouvait faire de la politique sans parler de la nation et sans parler des frontières, c’est une erreur ! Parce que dans un monde aussi dur que celui dans lequel nous vivons, nul ne peut s’en sortir seul. Nous avons tous, qui que nous soyons, besoin de la solidarité nationale. Nous avons tous, qui que nous soyons, besoin de nous appuyer les uns sur les autres. Tous, qui que nous soyons, besoin d’unir nos forces et d’unir notre intelligence. C’est cela une communauté nationale, c’est cela une nation.
Dans la mondialisation, ce sont les nations qui réussissent, parce qu’elles portent au fond une volonté collective qui nous rend plus forts. La nation, c’est une volonté de vivre ensemble, c’est l’expression d’une volonté collective qui n’est pas faite que de l’addition des volontés individuelles. C’est toutes les volontés individuelles plus la volonté collective. Pourquoi ce n’est pas simplement la volonté individuelle ? Parce que la nation, c’est une volonté collective du présent, mais qui remonte loin dans le passé. Parce que dans la volonté collective de la nation, il y a le souvenir de ce qu’ont fait pour la nation vos parents, vos grands-parents, nos ancêtres, tous ceux qui ont bâti ces paysages dans cette région extraordinaire de France ! Nous ne sommes pas une page blanche ! Il n’y a pas que la volonté collective de 65 millions de Français, il y a le souvenir de tous ceux qui nous ont précédés, que nous aimons encore dans notre cœur, que nous n’avons pas oubliés, qui ont façonné nos paysages, qui ont façonné nos villages, qui ont construit nos villes, qui ont bâti nos cathédrales ! C’est cela une volonté collective nationale !
Dans la mondialisation, pour être ouverts, comme c’est la tradition de la France, il ne faut pas avoir peur des autres. Pour ne pas avoir peur des autres, il faut être forts. C’est toujours la haine de soi qui pousse à la peur des autres et à la haine des autres. Quand on n’aime pas son pays, quand on ne respecte pas sa patrie, on déteste les autres. Parce que quand on ne s’aime pas soi-même, on a la haine pour les autres.
Alors, la priorité, bien sûr, cher Michel, c’est que l’Europe change et l’Européen que je suis en prend l’engagement solennel devant les Français. Que l’Europe change pour qu’elle cesse d’être perçue comme une menace et qu’elle soit vécue, au contraire, comme une protection. Je m’engage, si l’on n’avance pas dans cette voie, à mettre chacun en face de ses responsabilités. L’Europe doit défendre ses intérêts et ses frontières. Parce que l’Europe ne peut pas défendre moins ses intérêts que les autres. Si l’Europe ne le fait pas, la France le fera de façon unilatérale à la place de l’Europe. Parce que la France veut retrouver la maîtrise de son destin.
Donc, je le dis et c’est un engagement que je prends, conclusion que je tire de ce qu’ont dit les Français, l’Europe ouverte à tous les vents, c’est fini. L’Europe qui ne défend pas ses frontières, c’est fini. L’Europe qui ne maîtrise pas ses flux migratoires, c’est fini. L’Europe qui ouvre ses marchés sans contrepartie et qui ne défend pas ses entreprises et ses agriculteurs, c’est fini ! J’irai, mes chers compatriotes, cher Bruno, jusqu’au bout, j’irai jusqu’au bout – et je veux m’en expliquer devant vous – j’irai jusqu’au bout parce que nous sommes face à une responsabilité historique. Parce que si nous ne changeons pas, il n’y aura plus d’Europe et il n’y aura plus d’ouverture du monde. Parce qu’à ce moment-là, chacun se repliera sur soi-même. Sans doute, il faut le reconnaître, avons-nous trop cédé depuis des décennies à la technocratie et à la diplomatie.
J’avais été frappé, le mot stabilité était employé dans les années 80 et 90 comme un concept de notre politique étrangère.
Au nom de la stabilité, on a laissé pendant des décennies 80 millions d’Européens bien tranquillement derrière le Mur de la honte, le Mur de Berlin. Au nom de la stabilité, on considérait qu’au fond l’Union soviétique, c’était mieux que l’incertitude de la résurgence des nations.
Au nom de la stabilité, certains avant moi pensaient qu’il valait mieux deux Allemagne et non une seule.
Au nom de la stabilité, nous avons discuté avec des gens qui, dans leur pays, étaient des dictateurs, alors que ce n’était pas conforme aux valeurs de la République française.
Sans doute, la volonté politique, la responsabilité politique ne se sont-elles pas suffisamment affirmées. Souvent, on me fait le procès de trop de volontarisme, de vouloir m’engager sur tout !
Si vous saviez comme je pense, après le vote des Français, que j’aurais dû encore m’engager plus fortement et faire preuve encore de plus de volonté ! Si vous saviez, au fond de moi, ce que je pense de tous ces commentaires, quand je vois toutes ces souffrances, toutes ces attentes, au fond, ce besoin d’amour, d’intérêt, de protection ! Je me dis on n’a pas le droit de renoncer, pas une minute, pas sur un seul dossier !
Au fond, qu’est-ce qu’ils nous demandent les Français ? Ils sont lucides, ils sont intelligents, ils ne nous demandent pas de réussir sur tout, mais qu’au moins, on donne le sentiment :
1) De comprendre leurs souffrances ;
2) De se donner du mal pour essayer de les résoudre !
Je ne connais pas un Français qui m’ait dit : Le problème avec vous, dans les cinq dernières années, c’est que vous vous êtes trop occupé de nous, que vous avez mis trop d’ardeur à régler un dossier ! Moi, je pense que, au contraire, ils pensent que j’aurais dû m’occuper de tous les dossiers avec plus d’ardeur, mettre encore plus de volonté, essayer encore davantage, ne renoncer jamais, ne reculer jamais, voilà la différence entre ce que pense le peuple de France et ce que pensent les élites de France !
Alors, le problème, c’est que la volonté politique, la responsabilité politique sont revenues pendant la crise pour faire face à une situation dramatique. Au fond, on n’avait pas le choix, parce que la technocratie ou la diplomatie, quand les balles ont commencé à siffler aux oreilles des pays du monde entier, oh, ils ne nous ont pas contesté la prise de pouvoir ! La technocratie, c’est pourtant calme, quand il y a la crise, quand tout menace de s’effondrer, il n’y a pas de problème, le pouvoir est revenu aux politiques sans qu’on combatte.
C’est un peu comme ces grands dirigeants d’entreprise qui expliquaient à longueur d’émission, cher Philippe, que l’entreprise n’avait plus de nationalité. Vous vous souvenez de ce bobard ?
L’entreprise monde. L’entreprise n’avait plus de nationalité. Elle était l’entreprise du monde, elle était universelle. Mais quand le monde est rentré en crise, tous ces dirigeants d’entreprise monde universelle, ils ont trouvé le chemin de la maison, personne ne s’est trompé d’adresse, ils ont tous su frapper à la bonne porte ! Celle où on pouvait tendre la main ! Quand il s’agissait de partager les bénéfices avec les actionnaires, il fallait les laisser tranquilles et indépendants. Mais quand la crise a soufflé, on a chacun retrouvé son président et j’ai retrouvé les miens avec une vitesse stupéfiante ! Alors, cette volonté politique de la crise, il ne faudrait pas qu’une fois que le calme soit revenu, elle s’éteigne. Elle doit, au contraire, cette volonté politique, s’exprimer plus fortement que jamais, pour éviter de nouvelles catastrophes.
Alors, après ce que les Français ont exprimé lors du premier tour, la campagne du second tour, je le dis, ne peut pas être la même que celle du premier. On ne peut pas faire comme si les Français n’avaient rien dit. Bien sûr, mes chers compatriotes, c’est le même projet que je défendrai. Je n’ai à négocier avec personne. La présidentielle n’est pas une affaire de négociation, de répartition de postes, de savoir qui fera quoi. Je le laisse aux autres. Je dis à mes amis : Ne vous occupez pas de ça, occupez-vous des Français et seulement des Français. C’est la même vision du monde que je défendrai, ce sont les mêmes valeurs. Mais je dois aller plus loin au deuxième tour pour répondre à l’attente qui s’est exprimée.
Au premier tour, les Français ne se sont pas prononcés sur les personnes, ils ont dit ce qu’ils voulaient, une France forte qui les protège. C’est dans cette direction que j’ai voulu engager la France depuis cinq ans. Mais il faut aller plus loin pour que ce qui sera fait dans les cinq années qui viennent touche directement votre vie quotidienne et la vie quotidienne de ceux qui n’en peuvent plus, de ceux qui ont l’impression que, quels que soient leurs efforts, ils ne s’en sortiront pas.
Je veux m’adresser à ceux dont on méprise la douleur, à tous ceux auxquels on ne donne jamais la parole, parce que, au fond, on ne veut pas entendre leurs plaintes. A tous ceux qui ne supportent plus le déni de souffrance dont ils se sentent victimes, à tous ceux qui en ont assez d’entendre que l’insécurité n’est pas une réalité, que l’immigration, ce n’est pas un sujet. Le nombre d’insultes, d’injures que j’ai dû supporter parce que j’ai osé poser la question de l’immigration, c’est un scandale ! C’est un scandale. Les procès d’intention, parce qu’on ose prononcer le mot, le mot lui-même serait coupable !
Je veux dire que le communautarisme, contester que ce soit une préoccupation des Français, c’est ne rien comprendre à la France.
La burqa sur le territoire de la République, ce n’est pas anecdotique et si nous l’avons interdite, c’est parce que nous ne voulons pas transiger avec nos valeurs.
Les délocalisations dans vos territoires, ce n’est pas marginal, j’en ai assez qu’on me dise que la désindustrialisation, ce n’est pas la peine de se battre, avec tous les commentaires qu’on a eus parce que j’ai sauvé cinq à six entreprises !
On me dit c’est la campagne électorale ! Et alors, il faut que j’arrête de travailler !
Je ne prendrai pas la leçon, parce que nous avons sauvé des entreprises en campagne électorale, de la part de ceux qui laissaient tomber les entreprises hors campagne électorale.
Les retraites payées avec une semaine de retard, le 8 de chaque mois, alors que les loyers sont prélevés le 1er, je ne veux pas qu’on me dise que ce n’est pas un sujet de la campagne électorale. Parce que, évidemment, quand on ne vit pas que de sa retraite, peu vous importe que l’Etat fasse sa trésorerie sur votre dos ! C’est une injustice et je veux réparer cette injustice.
Les artisans, les commerçants, les agriculteurs qui n’en peuvent plus de l’accumulation des normes, ce n’est pas un problème ! C’est un problème et même un grave problème. Le travail qui rapporte moins que l’assistanat, c’est une véritable injustice et cette injustice, je dois y apporter une réponse.
Alors, oui, au premier tour, on m’a reproché de vouloir parler au peuple de France, je vais aggraver mon cas, je veux parler aux petits, je veux parler aux sans grade, je veux parler aux ruraux qui ne veulent pas mourir, je veux parler aux travailleurs qui ne veulent pas que celui qui ne travaille pas gagne davantage que lui, je veux parler aux retraités, aux petits retraités, je veux parler à tous ceux dont l’opinion ne compte pas ! Parce qu’ils ne manifestent pas, parce qu’ils ne protestent pas, parce qu’ils ne cassent pas, mais qu’ils ont le droit d’être respectés et, nous, le devoir de leur répondre !
Je vais même être encore plus précis pour dire aux Français combien j’ai reçu leur message. Mettez-vous, mes chers amis, à la place de l’ouvrier de 50 ans qui a toujours travaillé et dont l’usine vient d’être délocalisée, qui a l’épouse qui n’a pas de travail, qui a deux ou trois enfants à finir d’élever et qui vit dans l’angoisse que son usine soit délocalisée à l’autre bout du monde. Pour lui, le mot délocalisation, c’est un cancer, c’est une angoisse. Pour celui de l’autre côté qui en parle, c’est une possibilité à gagner des parts de marché. Moi, je veux parler aux deux, à celui qui croit dans le grand monde, mais aussi à celui qui a peur, alors qu’il n’y ait pour rien, de perdre son emploi, parce que la réciprocité ne s’appliquerait pas en Europe et parce que l’Europe n’aurait pas la volonté de défendre les producteurs, les agriculteurs, les travailleurs et les entrepreneurs !
Moi, je ne dirais pas, et j’ai bien réfléchi à ça et j’ai bien réfléchi à ça, avec les convictions et l’expérience qui est la mienne, je ne dirais pas à cet homme : Faites des efforts de productivité. Je ne le dirais pas. Parce que faire des efforts de productivité, oui, mais quand on est respecté et quand on sait que dans son entreprise, on ne paiera pas quand ça va mal, mais quand ça va bien, on n’aura aucune part aux bénéfices qui auront été réalisés. Ça, je ne le dirais pas. Je ne le dirais pas. Parce que c’est injuste.
L’autre jour, j’étais aux FONDERIES DU POITOU, que nous avons sauvées, le précédent propriétaire a eu le culot de proposer aux salariés un chantage : Gagnez 25 % de moins et je reste. Je le dis, c’est un scandale de parler comme ça à ceux qui sont vos collaborateurs. J’assume ce que je dis. Moi, je ne veux pas être assimilé à ceux qui sont capables de parler comme cela aux travailleurs, aux salariés d’une entreprise. Parce qu’il n’y a de richesse que d’hommes. Dans une entreprise, on respecte ceux qui font marcher l’entreprise !
J’ai proposé un nouveau droit pour chacun, droit à la formation, quel que soit son âge, quelle que soit sa situation, quel que soit son passé, un droit à la formation. Parce que dans l’idée que je me fais de notre société, chacun vaut quelque chose, chacun a une qualité, chacun a des talents à faire valoir. La formation, parce que la seule façon de vivre dignement, c’est de vivre de son travail. Pas de vivre de l’assistance, pas de vivre en tendant la main, pas d’attendre chez soi la réponde au Curriculum Vitae qui ne vient jamais. Mais je le dis avec la même force, celui à qui nous allons donner une formation, il sera obligé d’accepter l’offre d’emploi correspondante à la formation que nous lui avons donnée.
Je veux parler à la famille surendettée parce qu’elle a affronté un accident de la vie, je veux votre attention sur ce sujet. Je sais d’expérience que la vie peut être cruelle, qu’il y a des moments où, qui que l’on soit, on peut en avoir assez, on peut mettre un genou à terre. C’est la maladie, c’est la délocalisation, c’est pour tant de femmes qui vivent seules le divorce ou le veuvage, avec les enfants qu’il faut continuer à élever. Moi, je ne veux pas dire et je ne veux pas qu’on dise à une famille confrontée à un accident de la vie qu’elle est condamnée à ne jamais s’en sortir. Je veux qu’on fasse la différence entre ceux qui n’y sont pour rien, parce qu’on n’y est pour rien dans la maladie, parce qu’on n’y est pour rien dans la délocalisation, parce qu’on n’y est pour rien lorsqu’on est une femme seule qui élève ses enfants avec un ex-mari qui ne paye pas sa pension alimentaire, je ne veux pas que cette femme, que cet homme soit fichu, qu’on dise qu’ils n’ont plus de chance dans la vie. Ce ne sont pas les valeurs que je porte. Je veux qu’ils puissent avoir un nouveau départ et je veux leur offrir la possibilité, comme pour une entreprise, de la faillite civile. Parce que ce qu’on a fait pour sauver les banques, il faut le faire pour les familles de bonne foi.
Parce que, moi, je ne mets pas dans la même situation celui qui est de mauvaise foi, qui doit payer, qui doit régler ses dettes ! Nous devons combattre la fraude ! Et celui qui a mis un genou à terre tout simplement parce qu’il n’a pas eu de chance, parce que le destin s’est acharné sur lui et qu’il a le droit à un nouveau départ !
Vous voyez la différence ! Eux, à gauche, ils parlent de la générosité comme d’un concept qui s’appliquerait dans n’importe quelle situation, à n’importe qui, n’importe comment, avec l’argent du contribuable !
Moi, je veux dire que je veux parler à chaque famille de France, regarder chaque problème, regarder chaque situation, tenir compte de chaque problème et dire à chacun : Vous aurez tous une nouvelle chance, parce que personne ne doit être condamné pour une faute qu’il n’a pas commise. Voilà ce que c’est que la solidarité nationale par rapport à l’assistanat national !
Pourquoi j’ai voulu la réforme des retraites et défendre, malgré toutes les difficultés, la nécessité d’actualiser les retraites ? Je vous le dis, parce que je pense que quand on a travaillé toute sa vie et qu’on est retraité, on veut vivre décemment et que la chose la plus douloureuse, c’est de se dire, après une vie de travail, qu’on va vivre aux dépens ou aux crochets de ses enfants. Voilà pourquoi j’ai voulu la réforme des retraites, pour que les 15,5 millions de retraités puissent se dire, peut-être que je ne peux pas aider mes enfants parce que j’ai une petite pension, mais au moins, je ne vivrai pas aux crochets de mes enfants, parce que je n’ai pas construit ma vie comme cela et pour cela !
Voilà pourquoi j’ai fait la réforme des retraites !
Je sais bien, je sais qu’il y a encore des injustices, je sais que la veuve d’agriculteur qui a une pension de réversion dérisoire, alors qu’elle a travaillé, je dois lui apporter une réponse digne des valeurs que je défends. Je vois bien l’agriculteur qui vit dans la hantise qu’un spéculateur, à l’autre bout du monde, anéantisse le fruit de son travail. Je dois lui apporter une réponse pour lui dire comment nous allons le protéger. A tous ceux qui craignent dans l’avenir de notre système de protection sociale, je veux dire que parce que nous avons pris les décisions courageuses au moment où il fallait les prendre, nous les avons protégés de ce que vivent d’autres Européens aujourd’hui. Imaginez ce que pense le fonctionnaire espagnol qui a vu son salaire diminuer de 10 % ! Je préfère que le fonctionnaire français m’en veuille parce que je n’ai pas remplacé un départ sur deux à la retraite, mais son pouvoir d’achat, je l’ai garanti !
A la femme qui a peur de sortir de chez elle dans son quartier ou qui a peur au moment de prendre le métro, je n’ai pas de leçon de morale à lui donner, j’ai des réponses précises à lui apporter. J’aime vous raconter cette histoire, l’autre jour, j’étais dans une radio très, très aimable, où ils n’ont pas l’habitude de me recevoir, c’est sans doute pour ça que ça les a un peu troublés. Il y avait un reportage qui était fait sur les militants de l’UMP. Ils ont choisi une fédération absolument tout à fait au hasard, la fédération de la Seine-Saint-Denis. On voyait que la personne qui était interrogée, on voulait lui faire dire une bêtise, c’était une femme qui vivait en Seine-Saint-Denis et qui disait : « J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur et j’ai peur ! Je ne veux plus ! J’en ai assez ! » Le journaliste lui dit : « Mais enfin, madame, vous avez peur de qui ? » Elle a vu le piège, mais n’avait pas la possibilité de s’en sortir, elle a dit : « Mais j’ai peur, j’ai peur ! » Alors, le journaliste insistait, pour vraiment qu’elle dise quelque chose et qu’on puisse me le resservir, pour naturellement que ce soit la démonstration de notre peu d’humanité, je rassure, j’ai un cœur à gauche, à ma connaissance, il bat relativement à un rythme normal ! Cette femme qui n’en pouvait plus, répond quelque chose de maladroit, mais je refuse qu’on lui en fasse… elle dit : « Mais enfin, je vais vous dire une chose, ce n’est pas les Portugais qui me font peur ! » Je ne suis pas engagé par les mots de cette femme, m-o-t-s, mais je suis engagé par la souffrance de cette femme. Si nous ne savons pas, nous, répondre à cette souffrance, il ne faudra pas s’étonner que dans quelques mois dans quelques années, cette femme aille grossir les rangs des votes extrêmes ou de l’abstentionnisme !
Voilà la réalité telle qu’elle est, elle est là la réalité !
Souvenez-vous quand monsieur JOSPIN disait : « Vous n’avez pas peur – à ceux qui prenaient le métro – vous avez le sentiment d’avoir peur. » Ça change tout ! Vous allez chez le médecin : « Docteur, j’ai mal. » Il vous répond : « Non, non, non. Vous avez le sentiment d’avoir mal. » Nous ne pouvons pas traiter la souffrance de nos compatriotes avec tant de mépris, avec tant de suffisance, avec tant de dédain. Nous devons prendre en compte cette souffrance, y apporter des réponses précises, prendre des engagements formels, de façon à ce que toutes ces personnes, tous ces gens, tous ces Français reprennent confiance dans la République, dans la politique, dans la parole des politiques. C’est un enjeu absolument majeur qui vient bien au-delà et qui va bien au-delà de ce que je suis, de ma candidature ou de cette période.
Je voudrais dire qu’au fond, pour terminer, la question qui se pose pour nous, c’est la civilisation dans laquelle nous voulons vivre, c’est la société que nous voulons préparer à nos enfants, c’est quelle France pour demain. Je voudrais dire d’ailleurs à mon contradicteur : Comment imaginez-vous sortir de la crise si vous niez la crise ? Comment voulez-vous faire une place pour la France dans le monde si vous niez la réalité du monde ? Je voyais qu’on allait dire, oh là, là, Nicolas SARKOZY va taper !
Je n’ai aucune raison. Je veux simplement dire ma vérité.
Je veux dire aux Français : Comment sortir de la crise si on nie la crise ?
Je veux dire aux Français : Comment inscrire la France dans le monde si on nie la réalité du monde ?
Ecoutons ce qu’on nous dit de l’autre côté depuis le début de la campagne, écoutons ce qu’on a à faire et les alternatives proposées aux Français. La mienne, je vous propose un nouveau modèle pour la France, un nouveau modèle de croissance fondé sur le travail, l’effort, le mérite, l’autorité, la solidarité, la formation, l’investissement, l’innovation. De l’autre, on vous dit, vous pouvez dépenser, il n’y a pas de crise. On peut embaucher des fonctionnaires, il n’y a pas de problème de dépenses publiques. On peut continuer à augmenter les charges pesant sur le travail, il n’y a pas de problème du coût du travail. Vous pouvez vous extraire de tout effort pour réduire le déficit, il n’y a pas de déficit. Ne pensez pas à nos dettes, il n’y a pas de dette. Ne pensez pas à la crise, il n’y a pas de crise. Ne pensez pas à l’Europe, il n’y a pas d’Europe. Quant aux Chinois, n’y pensez pas, j’arrive ! Ça va impressionner !
Mes chers compatriotes, j’apporterai des réponses précises, je prendrai des engagements précis. Mais je veux que ce deuxième tour et cette campagne se passent dans l’équité, avec les règles républicaines et que chacun soit considéré et traité de la même façon.
Au fond, je veux vous dire une chose, j’ai supporté les injures d’un certain nombre de candidats et de candidates, mais je veux dire une chose, je n’accepterai pas de prendre de leçons de morale de personne et certainement pas d’une gauche qui voulait, avec enthousiasme, installer monsieur STRAUSS-KAHN à l’Elysée il y a quelques mois. Imaginez que cela fut nous ! Imaginez que cela fut nous !
Imaginez ! Imaginez !
Peu importe ! Peu importe !
Imaginez que ce soit nous !
Je veux vraiment débattre des idées, mais je dis une chose, pas vous, pas maintenant et pas ça.
Je veux bien parler de tous les sujets et j’ai vu qu’il y avait une volonté parfois de parler de l’argent. Mais ça fait si longtemps que les dirigeants du Parti socialiste préfèrent fréquenter les dîners en ville que les ouvriers ! Ce n’est pas une raison pour leur pardonner tout !
Oh, ils ont le droit d’avoir des amis fortunés, surtout lorsqu’il s’agit, avec ces amis fortunés, d’acheter des journaux pour faire leur propagande ! Ça, ce n’est pas gênant !
Oh, ils peuvent se rencontrer dans des restaurants de luxe, ça, ça n’offusque personne ! Tenez-vous bien, ils peuvent même inviter dans leurs réunions publiques des exilés fiscaux et cela ne choque personne !
Voilà, mes chers amis, je voudrais vous dire que cette campagne doit être une campagne de vérité. Pour dire la vérité, il faut aussi accepter de parler aux Français des efforts qu’il y aura à faire et de ne pas s’en tenir à la pensée unique. Je prends l’exemple de la sécurité, je n’accepte pas qu’on dise que la cause de la délinquance, c’est la pauvreté.
Je n’accepte pas que l’on puisse dire on est voyou parce que l’on est pauvre.
Parce que ceux qui disent ça ne savent pas que chez les pauvres, on éduque souvent mieux ses enfants que chez les plus riches.
Parce que chez les pauvres, on a des principes, on a même parfois que cela. Chez les ouvriers, chez les travailleurs, on apprend la valeur du travail et du mérite. Chercher une excuse au voyou dans la pauvreté, c’est mépriser tous les Français qui sont confrontés à la dureté de la vie, mais qui ont des principes, qui ont une morale, qui ont un sens de l’honneur, qui ne demandent qu’à pouvoir vivre de leur travail et transmettre leurs valeurs à leurs enfants.
Voilà, mes chers amis !
Respecter, cher Marc, les plus pauvres, les respecter, c’est ne pas se moquer d’eux, c’est ne pas promettre n’importe quoi. C’est ne pas dire n’importe quoi. C’est de ne pas faire n’importe quoi pour gagner des voix. Lorsqu’on est prêt à vendre, à vendre, les ouvriers du nucléaire contre un accord avec les Verts, lorsqu’on est prêt à donner le droit de vote aux étrangers, lorsqu’on est prêt à régulariser massivement les sans-papiers, c’est parce qu’on n’a pas le vote populaire et que l’on drague le vote communautaire.
Voilà la vérité !
Elle est là la vérité ! Elle est là !
Alors, je vois qu’on me reproche quelque chose de terrible, j’ai choisi de vous inviter à un très vaste rassemblement le 1er mai, le jour de la fête du travail. Parce qu’il me semble que nous tous, on a aussi le droit de parler du travail, de vanter le travail. Alors, j’ai vu que monsieur HOLLANDE n’était pas content, mais je ne savais pas que le 1er mai avait été privatisé par le Parti socialiste ! Tenez-vous bien, il nous est donc interdit de nous réunir le 1er mai ! Et nous n’avons pas le droit de parler du travail le 1er mai !
Alors, on me dit : Mais qu’est-ce que c’est le vrai travail ? Je vais vous expliquer ce que c’est que le vrai travail. C’est celui qui a construit toute sa vie sans demander rien à personne. Il s’est levé très tôt le matin, couché très tard le soir, qui ne demande aucune félicitation, aucune décoration, rien. C’est celui qui a commencé tout en bas, qui s’est hissé le plus haut possible et qui se dit je veux que mes enfants puissent vivre mieux que moi et commencer plus haut que moi. Le vrai travail, c’est celui qui se dit, oh, je n’ai pas un gros patrimoine, mais le patrimoine que j’ai, j’y tiens, parce qu’il représente tellement de sueurs, tellement de milliers, de milliers d’heures de mon travail, tellement de peines, tellement de sacrifices, tellement de souffrances ! Ce patrimoine-là, on ne me le volera pas parce que c’est le mien ! C’est celui de ma famille ! J’ai trimé pour ce patrimoine-là et je n’ai pas l’intention de m’excuser d’avoir construit cette vie !
C’est ça le vrai travail !
Le vrai travail, c’est celui qui dit, toute ma vie, j’ai travaillé, j’ai payé mes cotisations, j’ai payé mes impôts, je n’ai pas fraudé, au moment de mourir, je veux laisser tout ce que j’ai construit à mes enfants, sans que l’Etat vienne se servir en mes lieu et place ! Le vrai travail, c’est celui de cet homme ou de cette femme qui a sacrifié tant de fois ses week-ends, tant de fois ses vacances, simplement parce qu’il avait un souci, simplement parce qu’il voulait faire le mieux possible ce qu’il avait à faire. Le vrai travail, c’est celui qui a mis un genou à terre, qui a connu des problèmes, qui a connu l’échec et qui, quand on a connu des problèmes et connu l’échec, s’est dit, c’est d’abord moi qui vais m’en sortir, je vais m’en sortir par mon effort, par mon mérite. Parce qu’au fond, ma souffrance, j’ai trop de fierté pour l’étaler devant les autres. Le vrai travail, c’est celui qui est exposé à la concurrence, c’est celui qui, s’il ne va pas à son travail, il n’aura rien, s’il ne se donne pas du mal, il n’aura rien, s’il n’y va pas lui-même, il n’aura rien. C’est celui qui connaît la crise, parce que quand il y a la crise, il est pénalisé, par le chômage partiel, par le carnet de commandes qui diminue. Le vrai travail, c’est celui qui, malheureusement, n’est pas protégé de toutes les crises, de toutes les difficultés.
J’ai envie que cette France qui travaille se rassemble à Paris le 1er mai et j’ai envie de lui parler de notre conception du travail !
Mes chers amis, je sais que pour vous, ça n’a pas été facile toute cette période. Je sais qu’il vous a fallu une foi inébranlable. Mais au fond, peuple de France, vous êtes indomptable, vous êtes indémoralisable, vous êtes ininfluençable. Je me disais, c’est vrai, je les ai fait coucher tard dimanche soir ! Mais vous avez vu, entre 20h00 et minuit, comme les choses allaient pour nous ! Je veux vous dire une chose, c’est pour vous que je fais tout ça. C’est parce que je vous sens derrière moi, c’est parce que je vous sens indomptables, c’est parce que je sais que vous êtes là, parce que je sais que vous n’avez pas peur, parce qu’il nous reste quinze jours, parce que durant ces quinze jours, on va aller à la conquête de la France, on va convaincre la France, on va parler à la France, on va s’engager pour la France !
Oui, mes chers amis, oui, mes chers compatriotes, j’ai entendu votre message !
Vive la République !
Vive la France !