Article du Groupe d'Opposition municipal "Pour Annemasse" du JIM des mois de novembre et décembre 2009
Genève, mon amour !
Les relations avec notre puissante ville État-Canton voisine sont marquées par des alternances de haine/rejet amour/attraction inextricablement mêlées.
C’est presque compulsif. Les susceptibilités sont à fleur de peau. Un parti l’UDC écrit en faisant référence au projet du CEVA que la racaille viendra d’Annemasse. Aussitôt flambée de colère républicaine, descente dans la rue. Chaque frontalier se sent visé, à juste titre d’ailleurs, chaque Annemassien se sent injurié, encore à juste titre.
Non, mais, on va vous montrer qui on est !
Il y a un vote le dimanche suivant. Le frère de l’UDC, le MCG est le grand gagnant.
«Ce qui est sûr, c’est que le parti a parfaitement su exploiter la crainte des travailleurs frontaliers qu’ont certains Genevois. Un thème qui va s’imposer de plus en plus dans le débat parlementaire. Avec l’augmentation de sa députation, le MCG pourra jouer le rôle d’arbitre entre la droite et la gauche.»
(La Tribune - 11/10/09 - site internet).
Il faut se rendre à l'évidence, le thème défendu par l'UDC a fonctionné. À plein régime, même si c'est son frère le MCG qui tire les marrons du feu. Et les frontaliers se sentiront encore plus menacés.
La démagogie a triomphé.
Mais la démagogie est-elle uniquement de ce côté-là de la frontière à l’exclusion de ce côté-ci ?
Ce n’est pas certain. Il faut aussi s’interroger sur nos discours.
Nos discours sont négationnistes. Ils partent du principe absolument juste du fait régional : que nous le voulions ou non, nous vivons dans une agglomération de plus de 750 000 habitants.
Mais au-delà ils nient tout problème. C’est ce qu’ont entendu les Genevois. Des cris, mais pas d’analyse. Or si nous voulons rester dans l’échange, il faut nécessairement de temps en temps se souvenir qu’il existe des écueils. Des fardeaux.
Sans quoi si on le nie, on n’est plus crédible. Et c’est ce qui s’est passé. La crise est venue. Avec elle la peur. Et la peur ébranle les cœurs les mieux constitués. Elle s’enroule en volutes sur la réalité, et tisse aussitôt à partir de faits vrais ou imaginaires, d’improbables amalgames. Le fait est que les Genevois se plaignent de la délinquance qui leur paraît importée d’ici.
Et ils ont raison. Malheureusement. Les statistiques de la prison de Champ-Dollon à Genève sont accablantes. Sur cent détenus il y en a ….90,6% qui sont « étrangers », à la Suisse s’entend. Il faut se représenter le chiffre. Sans lui Genève ressemblerait à un havre de paix. Et il faut comprendre la peur que cela inspire et qui se conjugue avec celle de la crise, exploitées toutes deux aussitôt par les partis xénophobes pour qui c’est un facile fonds de commerce électoral.
La réponse politique doit être de démontrer la nécessaire dimension régionale de notre espace commun. La géographie dicte au fond la politique. Sauf à vouloir créer le même mur de la honte que les bolchéviques (il en reste à Annemasse) édifièrent à Berlin et dans toute l’Europe de l’Est.
La réponse politique est celle de l’unité, mais pas de la cécité. Nous avons un problème. Et nous devons le traiter. Et nous devons lutter contre cette plaie qui envenime les relations, chez nous d’abord, qui en sommes les premières victimes, et chez nos voisins où cette délinquance s’exporte. La réponse politique c’est de dire les problèmes, pas de les occulter, pour les combattre quand ils sont nocifs.
Si on augmente nos dispositifs de sécurité publique, alors nécessairement on luttera de ce côté-ci, mais aussi de ce côté-là de la frontière.
Monsieur le Maire, encore un effort sur ces questions (la vidéosurveillance par exemple), et mieux que par des cris, vous serez entendus par nos voisins.
Liste "Pour Annemasse"
Jean-Pierre Benoist : jeanpierrebenoist@gmail.com Anne Michel : anne.michel74@gmail.com
Site : http://jp-benoist.fr Site : http://annemasse-avenir.over-blog.com/